Mon intention est
de contempler le visage du Christ sur lequel Padre Pio s’est
modelé : remettre (si personne ne l’avait jamais encore fait…)
le Christ au centre ; repartir du Christ, comme Jean-Paul II nous a
continuellement invités à l’entreprendre. Dans Mane nobiscum Domine, Lettre
Apostolique ouvrant l’Année eucharistique, il écrivait : « Le Christ en effet est au centre
non seulement de l'histoire de l'Église, mais aussi de
l'histoire de l'humanité. En Lui tout est
récapitulé (cf.Ep 1,10; Col 1,15-20). Comment ne pas
rappeler l'élan avec lequel le Concile œcuménique Vatican
II, citant le Pape Paul VI, confessa que le Christ ‘‘est la fin de
l'histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs
de l'histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie
de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations’’ ?
» (n°6)
Plus loin, le Pape continue : «
L'héritage du Grand Jubilé a été en quelque
sorte recueilli dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte. Dans
ce document qui constitue en quelque sorte un programme, je
suggérais la perspective d'un engagement pastoral fondé
sur la contemplation du visage du Christ, dans le cadre d'une
pédagogie ecclésiale capable de conduire au ‘‘haut
degré’’ de la sainteté, recherchée
spécialement à travers l'art de la prière. »
(n°8)
Notre réflexion portera sur les points suivants :
1-
Contempler le visage du Christ : « C’est ton visage que je cherche,
Seigneur, ne me cache pas ton visage » (Ps 27,8-9). A ce
besoin essentiel et profond de l’homme, Dieu répond en se
rendant visible, sensible : «
Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9). Le
chemin de la contemplation est alors le chemin de la Parole
annoncée, transmise, écrite : « Ce qui était depuis le
commencement, ce que nous avons entendu, ce que nos yeux ont vu, ce que
nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché,
c’est le Verbe de Vie (…) Celui que nous avons vu et entendu, nous vous
l’annonçons à vous aussi (…) Nous vous écrivons
ces choses, afin que votre joie soit parfaite. » (1 Jn
1,1-4)
2-
La pédagogie de la ‘‘sainteté’’ : « Soyez saints, car, moi, le
Seigneur votre Dieu, je suis saint.» (Lv 19,2) Satan
lui-même reconnaîtra en Jésus Christ le Saint : « Je sais bien qui tu es : tu es le
Saint de Dieu ! » (Lc 4,34) ; bien évidemment, les
siens le reconnaîtront pour tel :
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la
vie éternelle ; nous avons cru et reconnu que tu es le Saint de
Dieu. » (Jn 6,69) La sainteté est l’unique chemin
aussi pour le disciple : «
Comme des fils obéissants (…), à l’image du Saint qui
vous a appelés, vous aussi devenez saints dans toute votre
conduite, car il est écrit : Soyez saints, car moi je suis
saint. » (1 P 1,14-15)
3-
L’art de la prière : «
S’écartant un peu, il se jeta à terre et se mit à
prier (…) : ‘‘Abba, Père’’. » (Mc 14,35-36) Et : « Le matin, il se leva alors que
tout était encore sombre et, sortant de la maison, il se retira
dans un endroit désert pour prier. » (Mc 1,35)
Comment ne pas progresser dans l’art de la prière de louange,
d’action de grâce, de supplication et d’intercession, si nous
prions avec Jésus qui prie, avec Dieu qui prie Dieu ? Jean se
souvient de ceci : « Telle est
la confiance que nous avons en lui : quoi que nous lui demandions selon
sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous
écoute en ce que nous lui demandons, nous savons que nous
possédons déjà ce que nous lui avons
demandé. » (1 Jn 5,14-15)
4-
A l’école de Padre Pio : « Je tiens à me
réjouir avec vous, mon très cher Père, de ce que
notre très doux Seigneur vous considère comme élu
et vous traite comme tel. Je ne cesse de l’en remercier avec une
profonde reconnaissance, car il n’y a pas de don plus précieux
qui se puisse désirer de lui. Ayez toujours le ferme propos, mon
bon Père, de lui répondre généreusement et
de vous rendre digne de lui, c’est-à-dire semblable à lui
et orné des adorables perfections révélées
par l’Ecriture et l’Evangile. Mais pour que cette imitation soit
possible, il y faut une réflexion quotidienne sur la vie de
celui qui se propose comme modèle. De cette réflexion
naît l’estime de ses actes, et de cette estime le désir et
le réconfort de l’imitation. Soyez donc serein au sujet de votre
âme, parce que le Monarque suprême du Ciel règne sur
elle. » (Lettre au Père Agostino, 27 février
1918)
Pour Padre Pio, l’imitation part d’une ‘‘réflexion quotidienne’’
du visage de l’Aimé, duquel nous ressentons le besoin
d’être dignes, ou à qui nous voulons être
semblables. La réflexion ne peut alors que déboucher sur
les perfections révélées dans l’Ancien et le
Nouveau Testament. Ce que le Pape suggère, Padre Pio le
recommande pour l’avoir expérimenté.
5-
Lex orandi : Les Père affirment que nous devons partir de
‘‘ce’’ que nous prions pour connaître ‘‘ce’’ que nous croyons et,
en dernière analyse, qui nous sommes. Jean-Paul II, lui aussi,
suggère cela, dans la Lettre Mane
nobiscum Domine : « La
voie privilégiée pour entrer dans le mystère du
salut, rendu présent à travers les signes
‘‘sacrés’’, reste la voie qui consiste à suivre avec
fidélité le déroulement de l'Année
liturgique. Que les Pasteurs aient à cœur de développer
une catéchèse ‘‘mystagogique’’, si chère aux
Pères de l'Église, car elle permet de découvrir la
signification des gestes et des paroles de la Liturgie, aidant ainsi
les fidèles à passer des signes au mystère et
à enraciner en lui leur existence tout entière ! »
(n°17)
Concrètement, nous partirons des textes bibliques et liturgiques
de la fête de saint Pio, pour découvrir comment il est
devenu Icône du Christ et ce qu’il nous demande pour que nous le
soyons nous aussi. Nous aurons une attention particulière pour
les directeurs spirituels, qui sont appelés à imiter
Jésus Christ dans leur propre existence afin de le proposer aux
fidèles qui leur sont confiés. « L’identité du prêtre
dérive de sa participation spécifique au sacerdoce du
Christ : par l’ordination il est devenu, dans l’Eglise et pour
l’Eglise, une image réelle, vivante et transparente du Christ
Prêtre, ‘‘une représentation sacramentelle du Christ Chef
et Pasteur’’. » (Directoire sur le ministère et la
vie des prêtres, 2)
Nous nous confions à l’aide de l’Esprit Saint et à la
prière de tous les lecteurs.
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