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Spiritualité des Groupes
Réflexions sur l'Évangile

Textes liturgiques
de la fête de saint Pio

La miséricorde dans l'expérience et les écrits de Padre Pio



Dans le cœur de Dieu est la source
du soulagement de toute souffrance (1)

Réflexions sur l'Évangile de la fête de saint Pio — Mt 11,28
Don Vincenzo D'Arenzo, vice-directeur général des Groupes de prière


« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et opprimés, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Mt 11,28-30)

C’est avec ces paroles que se conclut l’Evangile de la messe en l’honneur de saint Pio.
[Afin de rester proche du texte de Don Vincenzo, nous avons traduit littéralement le texte évangélique qu’il utilise, et qui est différent de la traduction liturgique française.]

Si dans la première strophe (Mt 11, 25-26), Jésus bénit le Père parce que, dans son mystère que nul ne peut scruter, il a privilégié les ‘‘petits’’ dans la révélation qu’il fait de Lui-même ; si dans la deuxième strophe (Mt 11, 27), Le Christ Jésus s’affirme comme l’unique canal de la connaissance amoureuse du Père ; dans cette troisième strophe, le Seigneur Jésus se montre comme la Sagesse divine incarnée qui agit au milieu des hommes : « Venez à moi, vous tous ». C’est l’appel que la Sagesse lançait déjà, dans l’Ancien Testament, aux ‘‘petits’’ pour les inviter au Repas préparé (Pr 9,5 : « Venez et mangez mon pain, buvez le vin que j’ai préparé »), à tous ceux qui la désiraient comme épouse bien aimée afin de se rassasier de ses riches fruits (Sir 24,18 : « Approchez-vous de moi, vous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits. »)

Telle est aussi l’invitation pressante que lance la Sagesse divine incarnée pour le Banquet final maintenant prêt (Jn 6,35 : « Je suis le Pain de la Vie ; celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim et celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif »), afin de donner le Don suprême, l’Esprit Saint, l’Eau de la Vie (Jn 7, 37-39 : « Qu’il vienne à moi celui qui a soif, et qu’il boive celui qui croit en moi… »).
L’invitation de la Sagesse est adressée à « tous (ceux qui sont) fatigués et opprimés » par les combats difficiles de l’existence, ceux que Matthieu a déjà déclarés bienheureux en 5,3-11. Tous avaient reçu la promesse du repos, de la restauration, du soulagement divins.
Le soulagement en Dieu de tous les souffrants est un thème cher à notre père Saint Pio. Ce cri de l’Evangile est bien l’un des points de référence fondamentaux pour comprendre au mieux le soulagement de la souffrance des corps et des esprits qui résume la spiritualité de notre Fondateur.
Le Seigneur a promis et donné son ‘‘soulagement’’ contre les faux prophètes et les faux prêtres : «C’est par des lèvres bégayantes et en langue étrangères qu’il va parler à ce peuple, lui qui leur avait dit : ‘‘Voici le repos ! Laissez reposer l’accablé. Voici le soulagement !’’ Mais ils n’ont pas voulu entendre. » (Is 28,11-12)
Dans les choix de la vie, les fidèles ne doivent pas prendre les mauvais chemins s’ils veulent trouver la paix. « Ainsi parle le Seigneur : Placez-vous sur les voies de jadis, renseignez-vous sur les chemins du vieux temps, où se trouve le chemin du bien ; prenez-le donc et vous trouverez la paix pour vos âmes. » (Jr 6,16) Le soulagement par le Seigneur et en lui sera le vrai moyen du retour du peuple de l’exil : « Je donnerai l’abondance à l’âme épuisée et je rassasierai celle qui languit » (Jr 31,25).

La paix de l’âme est l’un des signes importants de la présence de Dieu
Dans le cœur de Dieu se trouve la source du soulagement de toute souffrance humaine. ‘‘Soulager’’ est l’un des verbes exprimant l’amour de Dieu pour les hommes, et il comporte diverses nuances : Dieu donne le réconfort, le repos, la quiétude, le refuge, la satiété, le bien-être. Dieu lui-même s’est reposé après la création (Gn 2,2), dans sa Béatitude infinie, celle-là même dans laquelle le Fils introduit les petits.
La paix de l’âme est l’un des signes importants de la présence de Dieu dans l’âme et cela particulièrement quand on en fait l’expérience dans les tribulations.
« Grâce à Dieu,
écrit Padre Pio, l’état de mon esprit, avec ses hauts et ses bas, se maintient régulièrement comme à l’habitude. La seule chose qui me semble être hors de l’habitude est qu’aux grandes satisfactions spirituelles succèdent de grandes désolations spirituelles, et celles-ci ont ordinairement pour objet la mauvaise manière dont les hommes correspondent aux faveurs du Ciel. Je voudrais faire quelque chose de plus pour eux, pour les rendre agréables au cœur de Dieu, mais en cela je me sens impuissant, presque les ailes coupées. » (Lettre au Père Benedetto, 13 août 1920)
Cette expérience a été continuelle chez Padre Pio. Des extraits d’une autre lettre au Père Benedetto, de juin 1913, l’expriment mieux encore :
« Le Seigneur me donne une connaissance claire et vive de son amour, de sa perfection et de sa bonté qui se fait miséricorde pour ceux qui ne mériteraient que l’enfer, et cela rend ma souffrance si intolérable que j’en viens à pousser de grands cris. Cet état dure parfois très peu de temps, mais quand je reprends mes esprits, les douleurs de l’âme sont tellement plus vives que celles du corps qu’on pourrait me couper en morceaux sans que je le sente…
»

Le Seigneur me fait voir comme dans un miroir que ma vie future ne sera pas autre chose qu’un martyre
« Sans même y penser, j’éprouve quelquefois un désir très vif de posséder Jésus en plénitude ; alors le Seigneur me dévoile comme dans un miroir, et avec une telle clarté que je ne saurais vous la décrire, que toute ma vie future ne peut être autre chose qu’un martyre. Sans pouvoir me l’expliquer, j’appelle ardemment la mort ; malgré tous mes efforts, je me sens poussé à demander à Dieu, avec des larmes, de m’enlever de cet exil. J’ai un ardent désir de plaire à Dieu et une très grande crainte de commettre la moindre imperfection, à tel point que je voudrais fuir toute relation avec les créatures ; mais dans le même temps, un autre désir gigantesque naît dans mon cœur, celui de me trouver au cœur du monde pour proclamer à haute voix qui est ce Dieu grand et miséricordieux.
A côté de ces sentiments à la fois pénibles et agréables, le Seigneur m’octroie de temps à autres de grandes joies, incompréhensibles même pour moi. Ces joies sont si intenses que je voudrais y faire participer les autres pour qu’ils m’aident à remercier le Seigneur. A d’autres reprises, et même quand je suis occupé à des choses sans importance, il m’arrive qu’une simple parole de Dieu que j’entends ou qui me revient subitement à l’esprit me touche si fort que je tombe en extase. C’est alors que le Seigneur me fait habituellement la grâce de me révéler certains secrets qui s’inscrivent au fond de mon âme de façon indélébile, bien que je ne puisse pas les exprimer tous car les mots me manquent quand je m’y essaie. Et même quand j’y arrive plus ou moins, ils perdent tellement de leur splendeur que cela me cause de la pitié et du dégoût.
Après de telles faveurs, qui peuvent durer pendant plusieurs jours, ma volonté reste grisée et mon esprit encore absorbé par ces visions. »


Ce repos dans le Seigneur comme don du Saint Esprit à l’âme qui recherche la volonté de Dieu y compris dans les tourments de la vie, mérité un approfondissement. C’est que nous ferons dans le prochain article.