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Spiritualité des Groupes
Réflexions sur l'Évangile

Textes liturgiques
de la fête de saint Pio



Le Seigneur m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle...
Réflexions sur l'Antienne de communion de la Messe de saint Pio (Is 61,1-2)
Don Vincenzo D'Arenzo, vice-directeur général des Groupes de prière

"Le Seigneur m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
promulguer l'Année de miséricorde du Seigneur"
(Is 61,1-2)

Les psaumes, livre de la prière immémoriale, ont aussi pour fonction glorieuse entre toutes d’accompagner par des chant de joie soit la proclamation de l’Evangile soit la participation à la Table divine.
L’Antienne présuppose le psaume en entier et ne peut donc être réduite à un simple verset, que souvent d’ailleurs on ne lit pas, un chant de communion lui étant substitué (chant qui lui est souvent, trop souvent, bien inférieur !) Nous devrions plutôt avoir en tête une scène comme celle-ci : la nuit de Pâques, dans la cathédrale, sous la présidence de l’Evêque, en présence des prêtres, des religieux et des religieuses, l’ensemble du peuple, la Parole ayant été proclamée et accueillie, se dirige en procession et dans un chant de joie vers l’autel pour recevoir le Corps du Christ. Avec une telle image dans les yeux et dans le cœur, lisons l’Antienne de Communion de la Messe propre de Saint Pio, tirée du Livre d’Isaïe (61,1-2) :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction.
Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres,
guérir ceux qui ont le coeur brisé,
annoncer aux prisonniers la délivrance
et aux captifs la liberté,
annoncer l’année de miséricorde du Seigneur. »
Nous avons préféré citer l’ensemble du texte du prophète et même nous aurions dû continuer avec la suite du verset 2, avec le verset 3, puis avec Is 58, 1-11 et 35,1-6. Ce sont des textes absolument décisifs puisque, avec une sûreté souveraine, Jésus se les appliquera, dans la synagogue de Nazareth, ave la conscience d’être Celui qui réalise toute la Promesse antique (Lc 4,16-21).

Que voulait dire le prophète Isaïe ?
Le chapitre 61 appartient à ce que l’on appelle le ‘‘Troisième Isaïe’’, un prophète dans a lignée du Premier et du Second Isaïe. Après le retour de l’Exil, au milieu du 6ème siècle av. J.C., à un Peuple qui n’a pas encore repris la vie religieuse dans la plénitude escomptée, le prophète annonce un avènement fastueux : il verra le Seigneur lui-même demeurer au milieu de son peuple, faisant de ce peuple son Epouse.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi »
est la ‘‘formule de possession’’ que Dieu exerce par son Esprit tout-puissant sur Celui qu’il a choisi, Esprit qui repose durablement sur ce personnage décisif de l’Ancien Testament. Aux actes que l’impulsion de l’Esprit Saint fait faire à l’Elu, on reconnaît les fonctions qui sont les siennes.
Avant tout, l’Esprit du Seigneur l’oint, c’est-à-dire le consacre par le signe qui, comme un sceau, signifie la possession durable et effective par Dieu de l’Elu. Or, l’onction consécratoire est propre aux prêtres (Lv 8-9) et au roi (1 S 1,11-13). Elle est prévue pour le Roi Messie (Ps 2,2.6), le Fils de David (Ps 88,21), devenant pour lui onction de joie divine et nuptiale (Ps 44,8). La possession divine et l’onction de l’Esprit du Seigneur confèrent au Roi Messie, qui est aussi Prêtre, Prophète et Epoux, les sept Dons sapientiaux dans leur plénitude (Is 11,1-10), en vue de la fonction qu’il doit exercer au milieu de son peuple, le peuple de Dieu. Mais l’Esprit du Seigneur est également donné par Dieu, pour sa mission rédemptrice, au Serviteur proyal, prophétique, sacerdotal et souffrant (Is 42,1 ; 48,16 ;44,3).
Nous nous demandons alors : qui est cet Elu ? le prophète lui-même ? le peuple tout entier ? le Messie à venir ? Nous savons avec certitude que Jésus s’est appliqué ce texte, comme nous le verrons. Et de Jésus, comme en cascade, l’élection de Dieu atteint chacun de nous ; la réponse de certains a été totale au point qu’elle est devenue exemplaire : Padre Pio est l’un de ceux-là.

Le prophète (Troisième Isaïe) décrit ensuite les autres fonctions de l’Oint du Seigneur, dont l’Esprit l’a doté.
- « porter la bonne nouvelle aux pauvres »
: c’est la première fonction, parce que le Seigneur (qui envoie) aime tous les hommes, mais avec une préférence pour ses pauvres, les fidèles et les bons.
- « proclamer l’année de miséricorde de la part du Seigneur »
: C’est une vision lumineuse. Le Seigneur venant comme un Epoux au milieu de son peuple, revêt son Epouse du manteau nuptial, la Grâce, associée ici avec un des symboles théologiques les plus forts : l’Année de miséricorde, l’Année du Jubilée (Lv 25,8-22), l’Année des Bienfaits pléniers, universels.

Le Christ réalise la promesse (Lc 4,16-21)
Dans la synagogue de Nazareth, après avoir lu le passage d’Isaïe, Jésus commente : « Aujourd’hui, cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, s’accomplit » (Lc 4,21). La traduction ne rend pas l’original qui devrait être traduit plus ou moins comme ceci : « Aujourd’hui, en ce moment où cette parole écrite retentit à vos oreilles, elle est accomplie par mon Père. » En d’autres termes, la promesse a été tenue. « L’Elu, le Roi, le Messie, le Prêtre, l’Epoux, le Serviteur : je le suis – semble dire Jésus -, parce que je suis envoyé par le Père et que j’agis sous l’action continue de l’Esprit Saint. » Le Jubilée apporté par le Christ sera l’œuvre de l’Esprit Saint du Seigneur, avec des effets au plus profond des hommes pécheurs, souffrants, opprimés, pauvres, sans avenir (C’EST LE SOULAGEMENT DE LA SOUFFRANCE !)
Le même Evangéliste, Luc, dans les Actes des Apôtres, résumera ainsi toute l’œuvre de Jésus : «Jésus de Nazareth, Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. » (10, 38)

Padre Pio et nous
La Lex orandi, nous invite maintenant à relire l’ensemble de ces éléments ‘‘en’’ Padre Pio et ‘‘en’’ nous. La Saint Eglise, ayant choisi ce passage comme Antienne de Communion pour la Messe propre de Saint Pio, veut nous enseigner que Padre Pio appartient à la cohorte des Elus de Dieu, sur les pas de l’Unique Engendré, qui portent ‘‘la bonne nouvelle aux pauvres’’ et prolongent au cours des siècles ‘‘l’Année de miséricorde du Seigneur’’.
Répondant à Padre Pio, le Père Benedetto écrivait : « Tu voudrais quelqu’un près de toi, dans la période que tu traverses ; pour ma part, je ne sais ce que je ferais pour pouvoir te voir dans un couvent et précisément ici à mes côtés. En attendant, éloigné comme je le suis, l’unique conseil que je puis te donner est de ne pas cesser de faire autre chose que ce que l’Esprit Saint désire ardemment faire en toi. Abandonne-toi à ses transports et ne crains pas ; il est si sage, suave et discret qu’il ne suscite que le bien. » (Lettre 18, septembre 1910)
Deux mois plus tard, dans sa lettre du 29 novembre 1910, Padre Pio s’abandonnait totalement et joyeusement au Seigneur, et dans l’obéissance à son directeur demandait à s’offrir en victime pour les pécheurs et les âmes du purgatoire :
« Patience ! Je souffre, il est vrai, mais je m’en réjouis, puisque vous m’avez assuré que cela n’est pas abandon de la part de Dieu mais plutôt raffinement de son amour très délicat. J’espère que le Seigneur voudra accepter mes souffrances en satisfaction des innombrables dégoûts que je lui ai causés. Enfin, qu’est-ce que je souffre en comparaison de ce que j’ai mérité pour mes péchés ?
Mais peu importe ce qu’il en est, pour moi il me suffit de savoir que tout cela, c’est Dieu qui le veut et je suis content tout de même. Et enfin maintenant, je viens, mon Père, vous demander une permission. Depuis longtemps, je sens en moi un besoin, celui de m’offrir au Seigneur comme victime pour les pauvres pécheurs et pour les âmes du purgatoire.
Ce désir est allé en grandissant toujours plus dans mon cœur au point qu’il est maintenant devenu, pour ainsi dire, une forte passion. J’ai fait, il est vrai, plusieurs fois, cette offrande au Seigneur, en le conjurant de vouloir déverser sur moi les châtiments qui sont préparés pour les pécheurs et pour les âmes du purgatoire, même en les centuplant pour moi, pourvu qu’il convertisse et sauve les pécheurs, et qu’il admette bientôt les âmes du Purgatoire au Paradis ; mais, maintenant, je voudrais faire cette offrande au Seigneur avec votre permission. Il me semble que Jésus le veut vraiment. Je suis sûr que vous ne verrez pas de difficultés à m’accorder cette permission. »

Comme le Christ, comme le Roi-Messie-Prêtre-Serviteur souffrant, Padre Pio s’offrira à plusieurs reprises en Victime pour les pécheurs, pour les âmes du purgatoire, pour le Pape, pour ses confrères, pour les souffrants, pour la fin de la guerre.
Nous aussi, qui chantons l’Antienne de Communion et allons boire au calice du Christ Eucharistie, nous devons porter à l’autel notre désir de donner notre vie pour le ‘‘soulagement de la souffrance’’ de tous ceux que Dieu place sur notre chemin.