page d'accueil




PAGES LIÉES

Marie : ouverture

Chemin de Croix

Padre Agostino



La Croix à l'école de Marie
Lettre de Padre Pio au Père Agostino, 1er juillet 1915


Mon bien cher Père,

Que Jésus comble votre esprit de ses grâces les plus belles et vous donne de goûter à la douceur d’une croix portée chrétiennement !

Comme il est doux, mon Père, ce mot de : croix ! Ici, au pied de la croix, les âmes se revêtent de lumière, s’enflamment d’amour, mettent des ailes pour atteindre des cieux plus élevés.
Que cette même croix soit également notre lit de repos, notre école de perfection, notre héritage bien-aimé ! Dans ce but, gardons-nous de la séparer de l’amour que nous portons à Jésus : sans celui-ci, elle deviendrait un fardeau que notre faiblesse ne saurait supporter.

Que la Vierge des Douleurs nous obtienne de son Fils de nous faire pénétrer toujours plus avant dans ce mystère et de nous enivrer des souffrances de Jésus! La plus grande preuve d’amour consiste à souffrir pour l’être aimé. Par conséquent, comme le Fils de Dieu a subi tant de souffrances par pur amour, il ne fait aucun doute que la croix qu’il a portée devient aussi aimable que l’amour.
Que la Sainte Vierge nous obtienne d’aimer la croix, les souffrances et les douleurs ! Puisqu’elle fut la première à mettre l’Evangile en pratique dans toute sa perfection et sa sévérité, et cela avant même qu’il ne soit publié, qu’elle nous l’obtienne à nous aussi et nous donne d’être toujours à ses côtés.

Efforçons-nous aussi, à l’exemple de tant d’âmes élues, de nous tenir toujours derrière cette Mère bénie et de marcher à sa suite, car il n’y a pas d’autre chemin qui conduise à la vie que celui que notre Mère emprunte : ne nous en détournons pas, si nous voulons atteindre notre but.
Restons toujours unis à notre Mère si chère : avec elle, sortons de Jérusalem auprès de Jésus, car Jérusalem symbolise l’obstination du peuple juif, du monde qui rejette Jésus-Christ et le renie. D’ailleurs, Jésus a déclaré s’en être séparé, car il a dit : “Je ne suis pas de ce monde” et il l’a exclu de sa prière à son Père : “Je ne prie pas pour le monde”.

Oui, Père, sortons de cette Jérusalem reniée, déicide et ouvertement infidèle et portons avec Jésus l’opprobre glorieux de la croix.
C’est ce à quoi l’Apôtre nous invite : “Par conséquent, pour aller à lui, sortons en dehors du camp” ; en cela, il reprend l’appel du divin Maître : “Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive”. Gardons les yeux fixés sur cette noble et sainte foule qui suit Jésus au Golgotha : il n’y en a pas un seul qui ne porte la profession de la vraie foi sur le front, l’abnégation au fond du cœur et la croix sur les épaules. Exhortons-nous à faire partie de ce peuple entreprenant chez qui toutes les consolations s’unissent à tous les sacrifices, tous les espoirs à toutes les vertus.

Veillons bien à ne jamais nous laisser troubler par quelque triste accident qui pourrait survenir : en effet, ce sentiment est toujours lié à notre imperfection, puisqu’il puise ses racines dans l’égoïsme et l’amour-propre. En outre, plus notre cœur est inquiet, plus les assauts de l’adversaire se font fréquents et directs, car il profite de notre faiblesse naturelle qui nous empêche de prendre le droit chemin de la vertu.
L’ennemi de notre salut ne sait que trop que la paix du cœur est le signe certain de l’aide divine ; par conséquent, il ne néglige aucun effort pour nous la faire perdre. C’est pourquoi nous devons être très vigilants sur ce point. Jésus nous viendra en aide. Mon Père, pardonnez-moi si je suis effronté : j’oubliais à qui j’écris.

En ce qui concerne le voyage que ces deux personnes veulent entreprendre, qu’elles le fassent donc. Je n’ai jamais ignoré que la région tyrrhénienne n’est pas zone de guerre, mais, en vérité, je ne crois pas que ce voyage sera paisible.
Je tiens aussi à recommander vivement à vos prières le pauvre Père Evangelista, qui se trouve, à ce qu’il me semble, dans une grande détresse. Que Jésus veuille le consoler au plus vite !

Au revoir, mon Père, où et quand Dieu le voudra ; en attendant, ne me refusez pas votre bénédiction paternelle et sincère devant Jésus.
Votre pauvre enfant,
fra Pio, capucin