Miséricorde et colère, ignorance
des hommes, assurance devant le mal

Présentation
Comment des chrétiens peuvent-ils ne pas être bouleversés par l’expérience de la miséricorde, notamment dans le sacrifice eucharistique ? Ce ne peut être que par ignorance de ce que le Seigneur fait quand même en eux… Padre Pio ne veut pas croire à une autre explication. En tout cas, pour lui, cette expérience lui donne une confiance absolue dans les épreuves et les tentations. La miséricorde, non seulement, guérit du mal présent et passé, mais elle préserve du mal futur. Et cela toujours au-delà de toute limite ou pensée.
(Lettre au Père Agostino, 2 décembre 1912)

TEXTE

Mon bien cher Père,
Je voudrais vous ouvrir ma poitrine, ne fût-ce qu’un instant, pour vous faire voir la plaie que notre bon Jésus a ouverte avec amour dans mon cœur ! Il s’est enfin trouvé un amant qui a été pris d’une telle passion pour lui qu’elle atteint les limites du tolérable.
Cet amant, vous le connaissez bien. Jamais il ne s’irrite contre ceux qui l’offensent. Mon cœur contient un nombre infini d’actes de miséricorde de sa part et reconnaît ne pouvoir se glorifier de rien devant lui.
Et quand je lui demande ce que j’ai bien pu faire pour mériter tant de consolations, Jésus se contente de sourire et me répète qu’il ne refuse rien à beaucoup d’intercesseurs. Il ne me demande que de l’amour en retour ; mais n’est-ce pas plutôt pour témoigner de ma reconnaissance ?
Oh mon Père, si je pouvais le satisfaire autant qu’il le fait, lui, à mon égard ! Il s’est tellement épris de mon cœur, qu’il me fait brûler de son feu divin, de son feu d’amour. Qu’est donc ce feu qui m’envahit totalement ? Mon Père, si Jésus nous rend aussi heureux sur terre, qu’en sera-t-il au Ciel ?
Je me demande parfois s’il existe des âmes qui ne sentent pas leur cœur brûler du feu divin, en particulier lorsqu’elles se trouvent devant le saint-sacrement. Cela me paraît impossible, surtout de la part d’un prêtre ou d’un religieux. Peut-être les âmes qui le disent ne s’en rendent-elles pas compte parce qu’elles ont un cœur plus grand. C’est la seule explication bienveillante que je trouve pour ne pas avoir à les accuser de mensonge.
Par moments, je me souviens de la sévérité de Jésus et je suis un instant sur le point de m’affliger ; je me mets alors à considérer son amour, et j’en suis pleinement consolé. Il m’est impossible de ne pas m’abandonner à cette douceur, à ce bonheur… Oh mon Père, qu’est-ce que je ressens ? J’ai une telle confiance en Jésus que, même si je voyais l’enfer ouvert devant moi et que je me trouvais au bord de l’abîme, je ne douterais pas de lui, je ne désespérerais pas, je me fierais à lui.
Voilà la confiance que sa bonté m’inspire. Quand je repense aux grands combats où le démon a été vaincu grâce à l’aide de Dieu, j’en trouve tellement que je ne saurais les dénombrer.
S’il ne m’avait pas tendu la main, qui sait combien de fois ma foi aurait vacillé, mon espérance et ma charité se seraient affaiblies et mon intelligence se serait obscurcie, si Jésus, soleil éternel, ne l’avait pas illuminée !
Hélas ! Je reconnais que tout est l’œuvre de son amour infini. Non seulement il ne m’a rien refusé, mais je tiens à déclarer qu’il m’a donné plus que je lui ai demandé.

 

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