Purification et présence discrète
du Seigneur (comme un souffle)

Présentation
Voici un très beau texte, empli d'espérance. Le chemin spirituel est certes une œuvre de purification, qui fait connaître des moments de désert. Mais puisque cela est le fait de la miséricorde divine, il se trouve (presque) toujours en cette expérience, une douceur, un avant-goût de la terre promise. La main de Dieu, même discrètement, est présente. Ainsi, l’action de grâce peut naître dans les larmes.
(Lettre au Père Agostino, 20 juin 1915)

TEXTE

Le bon Jésus a mis mon esprit dans un état de détresse extrême ; c’est à peine si je partage la vie des enfants de Dieu. Tout n’est que désert et désespoir de l’âme en ces moments d’anxiété et d’espérance.
De temps à autre, une lumière bien ténue m’arrive d’en haut pour assurer à ma pauvre âme que tout est voulu par la providence divine et que, les joies se mêlant aux larmes, le Père céleste la conduit, à l’aide de secrets impénétrables, vers sa fin, qui n’est autre que sa perfection, l’union à son Dieu ; mais il en découle, hélas, un état de détresse de l’âme bien plus déplorable qu’auparavant.
Je ne parviens pas à comprendre comment il est possible de vivre encore quand Dieu met une âme dans une telle situation. Tout ce que je peux dire, c’est que l’âme entrevoit alors, tout au loin, une main qui se dissimule et qui ne peut être que celle de Dieu. Au plus profond d’elle-même, elle entend également, comme un léger souffle de vent printanier, cette belle assurance que nous a donnée le divin Maître : aucun cheveu ne peut tomber de notre tête sans la permission du Père, qui veille paternellement sur notre âme et qui, quand il la met à l’épreuve de telles détresses, le fait toujours par amour et pour sa plus grande perfection.
Voilà, mon Père, comment l’amertume de l’épreuve est adoucie par le baume de la bonté de Dieu et de sa miséricorde. Vive Dieu qui sait merveilleusement alterner joies et larmes pour mener l’âme à sa perfection par des voies inconnues ! Cette perfection, il sait la susciter même de ce que l’âme tient pour un mal ; elle est une fleur que le Dieu de miséricorde fait jaillir parmi les épines de la douleur et arrose des larmes de la souffrance patiente de l’âme qui se conforme humblement à la volonté divine et prie avec ferveur.

 

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