Le monde surnaturel :
Saints, Anges, Satan

Nous avons parfois la tentation (et beaucoup y ont succombé, semble-t-il) de ne voir le monde que selon ses règles scientifiques ou sociales, humaines. Certes, la foi affirme la communion des Saints, l'existence des Anges, l'oeuvre néfaste de Satan ; mais cela reste parfois très théorique, vivant à peine dans les discours. Pour certains, ce n'est même qu'une manière de dire, une façon un peu enfantine de décrire la vie, les joies et les difficultés des hommes.

Le monde est plus grand...
Pour Padre Pio, à l'image de tant de saints ou de simples croyants, rien de tel ! Le monde ne se réduit pas à ce que nous en voyons ou à ce qu'en disent les livres de physique. Le monde est bien plus grand ! Il est aussi bien visible qu'invisible, selon l'affirmation du Credo : "Je crois en Dieu le Père tout-puissant,

Voir également
- l'ange gardien : lettre de Padre Pio à Raffaelina Cerase
- Prier pour les défunts (à l'occasion de la Toussaint)

créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible".
Plus encore, le visible et l'invisible sont liés, imbriqués, en relation, selon le dessein d'amour de Dieu. Car le monde invisible, ce sont d'abord des amis et des soutiens, que ce soient les saints ou les anges, et en premier lieu notre ange gardien. Mais le monde invisible, c'est aussi le Mal, Satan, celui qui s'oppose au dessein d'amour du Seigneur.
Quelques récits éclairent, plus que de longs discours, la présence tangible des Saints, des Anges et de Satan dans la vie de Padre Pio ; et dans la nôtre...

Les Saints au confessionnal
Plus encore que son assiduité exceptionnelle à prodiguer le pardon de Dieu dans le sacrement de pénitence, c'est la capacité de discernement de Padre Pio qui a étonné : il lui était parfois donné, pour le bien des personnes, de lire dans les replis de leur conscience, où les péchés étaient allés se cacher.
Une des raisons de cette faculté, de ce don gratuit, était la présence auprès de lui des saints, particulièrement de la Vierge Marie et de saint François d'Assise. Dans son livre "Le transparent de Dieu", le Père Derobert rapporte cette histoire :
- Est-ce vrai qu'au confessionnal vous êtes assisté par la Vierge et par saint François et que, à l'égard des âmes, vous ne faites et vous ne dites que ce qui vous est suggéré par la Vierge Très Sainte et par le Séraphique Père ?
- Mon fils, si ces deux-là n'étaient pas avec moi, que pourrais-je faire ?
Cette présence secourable des saints, c'est bien ce que Padre Pio a connu personnellement, lorsque qu'il était attaqué par Satan, et ce qu'il écrit dans un certain nombre de lettres.
Mais, pour le Capucin stigmatisé, ce n'est pas de la magie. Et si cette présence eut à bien des reprises des manifestations extraordinaires, elle s'ancre dans une réalité plus ordinaire : on devient ami des saints quand, à leur exemple, on suit le Christ. En vivant selon l'Evangile, selon ce que montrent et enseignent les saints, notre être prend sa dimension plénière, il s'ouvre à la grâce ; il s'ouvre donc à ceux qui vivent maintenant pleinement dans ce monde de la grâce divine et qui, comme Dieu, veulent que nous les rejoignions.

Saint Michel, l'Ange gardien
Dans la vie de Padre Pio, le monde des anges, c'est d'abord l'Archange saint Michel, le chef des armées célestes, qui le secourait dans ses combats contre Satan. On notera que la sanctuaire Monte Sant'Angelo, qui se trouve tout près de San Giovanni Rotondo, a sans doute joué un grand rôle dans la dévotion du Padre pour l'Archange.
Le monde des anges, c'est aussi l'ange gardien. Padre Pio avait une grande dévotion et affection pour son ange gardien ; et à bien des reprises, il invitait les uns et les autres à une telle dévotion et affection.
C'est l'ange gardien qui apprit à Padre Pio le français, alors qu'il ne l'avait pas étudié ; c'est lui qui lui suggéra d'aperger avec de l'eau bénité les lettres de ses directeurs spirituels qui arrivaient toutes tachées d'encre ; lui qui lui traduisit des lettres écrites en grec, envoyées par le Père Agostino, pour tromper le diable. L'ange gardien réveillait padre Pio pendant la nuit, afin qu'ils chantent ensemble les louanges du Seigneur. Il était aussi le messager de Padre Pio auprès des personnes à qui le Capucin voulait apporter son réconfort. Tout cela, on le trouve décrit par le Padre lui-même dans ses lettres à ses directeurs spirituels.

Ange parlant à l'oreille
(Arcabas)
Satan et ses "cosaques"
Satan est l'ennemi de Dieu et des hommes. Tous, nous avons à lutter contre lui, pour, avec Dieu, choisir le Bien ; à tous, malheureusement, il nous arrive de prêter nos forces à notre ennemi, contre d'autres et contre nous-mêmes.
Ce combat, Padre Pio le vécut avec une sensibilité particulière. Tous les témoignages disent combien il avait en horreur le mal et les occasions qui y conduisent. Enfant, par exemple, il refusait de jouer avec certains camarades de son âge "parce qu'ils blasphémaient".
Cela qu'il vivait, il essayait de le faire vivre à ceux qu'il rencontrait. C'est sans doute en raison de cela que Satan se déchaîna contre lui. Pendant un certain nombre d'années, les premières de sa vie religieuse, ce furent des attaques physiques, souvent pendant la nuit. Parce qu'il refusait la moindre compromission, parce qu'il déjouait les pièges tendus, il était agressé par Satan et ses troupes.
Un loup : diable ? (Arcabas)

Si ces attaques physiques s'espacèrent, il y eut sans cesse les attaques et les tentations de l'esprit, tentations contre la foi, l'espérance, la charité.
Pour dévoiler leur véritable identité et les tourner en ridicule, Padre Pio leur donnait les noms suivants : "petit aux grosses moustaches, grand moustachu, croque-mitaine, fieffé coquin, malheureux, esprit malin, cosaque, vilain cosaque, méchant animal, triste cosaque, être patibulaire, esprits impurs, ces malheureux, esprits mauvais, sales bêtes, apostats impurs, faces patibulaires, fauves rugissants, trompeur malin, prince des ténèbres, Barbe Bleue." Dans ces combats, la foi est l'arme par excellence. La foi qui fait que Dieu et ses amis viennent au secours. Ainsi, dans une lettre au Père Agostino :
"Barbe Bleue ne veut pas s'avouer vaincu. Il a pris presque toutes les apparences. Depuis quelques jours il vient me voir avec quelques-uns de ses satellites armés de bâtons et d'instruments de fer et, ce qui est pire, sous leur propre forme. Que de fois ne m'a-t-il pas jeté en bas du lit et ne m'a-t-il pas traîné à travers la chambre. Patience ! Jésus, la sainte Vierge, le petit ange, saint Joseph et le père saint François sont toujours avec moi."