(Lettre
du 17/10/1915)
Ô âmes saintes qui êtes
délivrées de tout tourment et jouissez
déjà, au Ciel, d’un torrent de douceurs souveraines, oh,
comme j’envie votre bonheur ! Ah ! Je vous en supplie, vous qui
êtes si proches de la fontaine de vie, puisque vous me voyez
mourir de soif en ce bas monde, faites-moi la faveur d’un peu de cette
eau fraîche.
Ô âmes bienheureuses, je le confesse, j’ai vraiment trop
dilapidé ce qui faisait mon lot, j’ai vraiment trop mal
gardé une pierre très précieuse ; mais vive Dieu,
car je sens que cette faute n’est pas irrémédiable.
Eh bien, âmes bienheureuses, ayez la gentillesse de m’aider un
peu ; moi aussi, puisque mon âme ne peut trouver ce dont elle a
besoin dans le repos et dans la nuit, je me lèverai comme
l’épouse du Cantique des cantiques et je chercherai celui que
mon âme aime : “Sur ma couche,
la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime”. Je le
chercherai sans relâche, je le chercherai en toutes choses sans
m’arrêter à aucune d’elles avant de l’avoir
retrouvé sur le seuil de son royaume.
|