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Décembre : Padre Pio
devant l'Enfant Jésus
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Méditation
pour le Nouvel An
Présentation
Nous sommes,
avec cette méditation, dans le genre des paraboles du jugement
dans l'Evangile ou des textes apocalyptiques de la Bible : une
description vigoureuse et définitive. On sent notamment
l'influence de la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche (Lc 16,
19-31). Mais, comme pour les paraboles, cette description importe
d'abord pour ce à quoi elle nous renvoie dans notre vie
d'aujourd'hui : l'urgence de nous convertir.
Ici, Padre Pio insiste sur la manière dont nous employons notre
temps : nous nous donnons parfois le temps, remettant à plus
tard le bien que nous pourrions faire pour nous-même ou pour les
autres. Comme si ce bien à faire n'était pas urgent !...
Or, il y a urgence à saisir le moment présent, car il est
le seul sur lequel nous avons quelque maîtrise. En deux phrases,
Padre Pio, concentre magnifiquement "sa" manière de vivre le
temps : "Réveillons-nous et
prenons comme un trésor l’instant qui s’enfuie, mais qui est le
seul sur qui nous pouvons exercer notre pouvoir. N’interposons pas du
temps entre un instant et le suivant."
Méditation sur le temps et l'urgence qui se trouve en chaque
instant contre toute attitude paresseuse, ce texte peut être lu
également comme un appel à la responsabilité,
à la conscience d'une responsabilité inaliénable
qui habite chacun.
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TEXTE
«Commençons
aujourd’hui, ô frères, à faire le bien, car
jusqu’à présent nous n’avons rien fait». Que
ces paroles, que le père séraphique saint François
s’appliqua dans ses derniers instants, deviennent nôtres au
commencement de cette nouvelle année.
En vérité, nous n’avons rien fait jusqu’à
présent, ou alors si peu. Les années se sont
succédé, venant et passant, sans que nous nous soyons
demandé comment nous les avions employées, si nous
n’avions rien à réparer, à ajouter, à
changer dans notre conduite.
Nous avons vécu sans penser qu’un jour le juge éternel
nous appellerait à lui et nous demanderait compte de ce que nous
avons fait, de comment nous avons dépensé notre temps.
Nous devrons rendre un compte strict de la plus petite minute, de
chaque mouvement de la grâce, de chaque inspiration sainte, de
chaque occasion où il nous a été possible de faire
le bien.
La transgression la plus minime de la loi sainte de Dieu sera prise en
considération. Pauvres de nous ! Ce ne sera plus le moment pour
les épouvantements et les terreurs face au juste jugement de
Dieu : «O montagnes,
couvrez-nous ! ô terre, ouvre-toi ! Que je me mette à
genoux, car je tremble en présence du Très-Haut».
Et si ensuite Dieu devait prononcer cette condamnation : «Va-t-en, serviteur infidèle,
au feu éternel», il en serait fini pour toujours de
nous, ou plus exactement commencerait pour nous un temps sans fin de
peines atroces et de douleurs inimaginables.
Alors, nous voudrons revenir en arrière durant une seule minute
du passé afin de réparer, d’expier ; dans cette prison,
nous n’aurons de cesse pendant des siècles et des siècles
que de retourner sur la terre et de faire un meilleur emploi de notre
temps.
Pourtant, une fois que notre dernière heure a sonnée, et
que les battements de notre cœur ont cessé, tout est fini pour
nous, et donc aussi le temps de mériter ou de
démériter. Quand et tels que la mort nous trouve, ainsi
nous nous présentons au Christ juge. Nos cris de supplication,
nos larmes, nos soupirs de repentir qui, alors que nous étions
encore sur terre, nous auraient gagné le cœur de Dieu, qui, avec
l’aide des sacrements, de pécheurs auraient pu nous rendre
saints, ne valent maintenant plus rien ; le temps de la
miséricorde est passé, commence celui de la justice.
Une seule parole, ou plutôt deux, résumeront demain toute
notre éternité : «Jamais,
jamais ! toujours, toujours !…» Jamais, jamais plus tu ne
pourras te réjouir de la douce vision de Dieu ; jamais plus tu
n’auras comme amis la Vierge très sainte et tous les saints ;
jamais plus à ton côté ne se trouvera cet ange
gardien, toi qui fus sourd et rebelle à ses appels constants et
aimants ; jamais plus tu ne seras uni aux personnes chères que
tu as aimées sur la terre et dont tu n’eus pas la force d’imiter
la vie sainte ; jamais plus ne te sera donnée la grâce de
voir Jésus resplendissant de gloire et venant jusqu’à
toi, te montrant les blessures lumineuses de ses membres sacrés
et de son côté adoré, duquel tout son sang divin
s’est écoulé pour te sauver.
Mais tu as piétiné cela, quand tout t’était
possible et que tu pouvais en bénéficier et en faire
bénéficier tant de pécheurs comme toi. Maintenant,
tu demandes et implores une seule goutte, mais ni aujourd’hui ni jamais
elle ne te sera accordée. Pour toujours tu seras en compagnie
des damnés, ton regard sera terrifié par les spectacles
les plus terrifiants, tes oreilles par les blasphèmes les plus
inconcevables et horribles ; tous tes sens seront martyrisés
à un point indéfinissable, et ton âme, qui ne peut
plus voir et jouir de Dieu, son bien infini, se maudira elle-même
et maudira Dieu, dans la désespérance et la douleur ; et
cela pour toujours, pour toujours !…
O Dieu de mon âme, quel triste sort m’attend, si je ne me
décide à changer ma vie, à garder comme un
trésor le temps que votre bonté m’accorde !
Celui qui a du temps, qu’il n’attende pas : ne remettons pas au
lendemain ce que nous pouvons faire aujourd’hui. Les fosses regorgent
du bien de plus tard… Et puis, qui nous dit que nous verrons demain ?
Ecoutons la voix de notre conscience, la voix du prophète
véridique : «Aujourd’hui,
si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas votre
cœur». Réveillons-nous et recueillons comme un
trésor l’instant qui s’enfuie, mais qui est le seul sur lequel
nous pouvons exercer notre pouvoir. N’interposons pas du temps entre un
instant et le suivant.
Nous sommes, par grâce divine, à l’aube d’une nouvelle
année. Cette année, dont seul Dieu sait si nous en
verrons la fin, doit être consacrée à
réparer pour le passé, à préparer l’avenir.
C’est ainsi que se font les bonnes œuvres.
Oh oui, agissons de telle sorte que, après que nous avons obtenu
pour nous la béatitude éternelle, nous
réjouissions le cœur très doux de Jésus et soyons
l’aiguillon du bien pour nos frères, lesquels, stimulés
par notre action, marcheront eux aussi sur le chemin de la justice et
de l’amour. Disons-nous à nous-mêmes avec la ferme
conviction de dire la vérité : «Mon
âme, commence aujourd’hui à faire le bien, que
jusqu’à présent tu n’as pas fait». Pensons que nous agissons
toujours en présence de Dieu. Répétons-nous ceci :
«Dieu
me voit, et l’acte même de me voir est aussi son jugement». Agissons de telle sorte qu’il ne
voit en nous rien d’autre que le bien.
Prémunissons-nous contre le monde et les passions qui, tels des
fauves, veulent porter atteinte à notre bien éternel, et
dans notre faiblesse ne nous écartons pas de l’aide divine. Ce
Dieu, que nous voulons voir et en présence de qui nous voulons
nous tenir, est toujours prêt à nous apporter son aide.
Lui qui tient toujours ses promesses, quand il nous verra combattre
contre des plus forts que nous, enverra ses anges nous soutenir dans
l’épreuve.
La palme de la gloire ne peut être reçue que par le preux
qui combat jusqu’à la fin. Commençons donc cette
année notre saint combat. Dieu nous assistera et nous couronnera
d’un triomphe éternel.
Deo gratias.
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