Il semble y avoir,
depuis quelque temps, une magnifique manifestation du surnaturel, dans
la petite ville de S. Giovanni Rotondo, aux flancs du Mont Gargan, non
loin de Foggia. Ici, la plus grande discrétion s’impose.
L’Eglise seule est juge. Mais, à titre de chronique, le moment
est venu de vous mettre au courant puisque déjà les
journaux en parlent. Il y a donc, au couvent des Capucins de S.
Giovanni Rotondo, un religieux dont le nom est connu maintenant dans
toute l’Italie et bien au-delà. C’est le P. Pio, natif de
Pietra-Elcina. Il aurait trente-trois ans et s’attendrait à
mourir bientôt. On le dit stigmatisé et il paraît
bien que Dieu l’a gratifié du don des miracles, de
pénétration des cœurs et de prophétie. Poitrinaire
depuis longtemps, son organisme déroute complètement la
science médicale. Mobilisé pendant la guerre, on dut
bientôt l’envoyer dans un hôpital militaire, où il
resta de longs jours sans que personne s’occupât de lui. Quand,
enfin, on voulut l’examiner, on lui trouva un état
fébrile déconcertant. Il fallut des thermomètres
spéciaux qui accusèrent une cinquantaine de degrés
! C’est vraiment à n’y rien comprendre ! On le renvoya dans son
couvent où il se trouve encore, et d’où il lui serait
bien impossible de sortir : le peuple ne le laisserait partir à
aucun prix.
On accourt à lui de tous les points de l’Italie. Il
reçoit des centaines et des centaines de lettres par jour.
Inutile d’ajouter qu’il ne peut ni les lire ni répondre : il lui
faudrait au moins dix secrétaires. Il se contente de prier pour
les intentions qu’on lui recommande.. Les lettres affluent non
seulement de toutes les provinces italiennes, mais aussi de la Suisse,
de la France et d’ailleurs. Si vous voulez aller à S. Giovanni
Rotondo, il vous faut retenir, à Foggia, une place de voiture au
moins quatre jours à l’avance. Chaque jour, c’est quelque chose
comme trois mille personnes et plus qui arrivent. Conversions
nombreuses. Quand le P. Pio célèbre, il est
entouré de gendarmes qui maintiennent la foule à distance
suffisante ; car tous veulent profiter du moment pour contempler les
stigmates. Les religieux du couvent ne suffisent pas aux confessions.
Les communions quotidiennes se comptent par centaines et même par
milliers. Tout malade qu’il est, le P. Pio lui-même confesse de 7
heures du matin à 1 heure de l’après-midi. Il s’est
réservé les hommes. "Je veux les gros pécheurs",
dit-il. Le reste du temps, il s’occupe avec Dieu. Il n’a jamais
beaucoup dormi ; depuis quelque temps, il ne dort presque plus du tout.
Soyez béni, mon Dieu, si vous déniez encore donner des
saints à notre pauvre société malade, à ce
pauvre monde, qui sera sauvé, non par l’habileté des
diplomates incroyants, non par les agitations insensées des
meneurs socialistes, mais par la vérité catholique, par
les vertus évangéliques, par la sainteté !
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