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Vers un stigmatisé
Premier texte en français sur Padre Pio

par le Père Bernardin d’Apremont, directeur spirituel du Collège international
des Capucins à Rome,
paru en 1919, dans les Annales Franciscaines



Il semble y avoir, depuis quelque temps, une magnifique manifestation du surnaturel, dans la petite ville de S. Giovanni Rotondo, aux flancs du Mont Gargan, non loin de Foggia. Ici, la plus grande discrétion s’impose. L’Eglise seule est juge. Mais, à titre de chronique, le moment est venu de vous mettre au courant puisque déjà les journaux en parlent. Il y a donc, au couvent des Capucins de S. Giovanni Rotondo, un religieux dont le nom est connu maintenant dans toute l’Italie et bien au-delà. C’est le P. Pio, natif de Pietra-Elcina. Il aurait trente-trois ans et s’attendrait à mourir bientôt. On le dit stigmatisé et il paraît bien que Dieu l’a gratifié du don des miracles, de pénétration des cœurs et de prophétie. Poitrinaire depuis longtemps, son organisme déroute complètement la science médicale. Mobilisé pendant la guerre, on dut bientôt l’envoyer dans un hôpital militaire, où il resta de longs jours sans que personne s’occupât de lui. Quand, enfin, on voulut l’examiner, on lui trouva un état fébrile déconcertant. Il fallut des thermomètres spéciaux qui accusèrent une cinquantaine de degrés ! C’est vraiment à n’y rien comprendre ! On le renvoya dans son couvent où il se trouve encore, et d’où il lui serait bien impossible de sortir : le peuple ne le laisserait partir à aucun prix.
On accourt à lui de tous les points de l’Italie. Il reçoit des centaines et des centaines de lettres par jour. Inutile d’ajouter qu’il ne peut ni les lire ni répondre : il lui faudrait au moins dix secrétaires. Il se contente de prier pour les intentions qu’on lui recommande.. Les lettres affluent non seulement de toutes les provinces italiennes, mais aussi de la Suisse, de la France et d’ailleurs. Si vous voulez aller à S. Giovanni Rotondo, il vous faut retenir, à Foggia, une place de voiture au moins quatre jours à l’avance. Chaque jour, c’est quelque chose comme trois mille personnes et plus qui arrivent. Conversions nombreuses. Quand le P. Pio célèbre, il est entouré de gendarmes qui maintiennent la foule à distance suffisante ; car tous veulent profiter du moment pour contempler les stigmates. Les religieux du couvent ne suffisent pas aux confessions. Les communions quotidiennes se comptent par centaines et même par milliers. Tout malade qu’il est, le P. Pio lui-même confesse de 7 heures du matin à 1 heure de l’après-midi. Il s’est réservé les hommes. "Je veux les gros pécheurs", dit-il. Le reste du temps, il s’occupe avec Dieu. Il n’a jamais beaucoup dormi ; depuis quelque temps, il ne dort presque plus du tout.
Soyez béni, mon Dieu, si vous déniez encore donner des saints à notre pauvre société malade, à ce pauvre monde, qui sera sauvé, non par l’habileté des diplomates incroyants, non par les agitations insensées des meneurs socialistes, mais par la vérité catholique, par les vertus évangéliques, par la sainteté !